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L'émeraude du Nil
7 septembre 2010

Inondations péridiques du Nil

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Chaque année, presque à jour fixe, du 20 juin au 1er juillet, ce fleuve grossit peu à peu durant cent jours; franchit ses rives dans la moyenne Egypte et dans le Delta et se répand sur tout le pays jusqu'à la fin de septembre, imbibant la terre d'une quantité d'eau qui, avec les rosées abondantes des nuits, suffit pour nourrir les plantes le reste de l'année. A partir du commencement d'octobre il baisse, se retire et rentre enfin au solstice d'hiver dans son lit, laissant sur les terres qu'il a recouvertes un limon gras et léger qui sert d'engrais ; il continue à décroître jusqu'à la fin mai. Il faut que la crue soit de 7 mètres à 7 mètres et demi pour que l'inondation recouvre tout le sol labourable et que la récolte soit abondante. S'il monte moins haut, une partie seulement des terres est arrosée et peut être ensemencée. Au-dessus de 8 mètres, la crue devient nuisible, parce que les eaux séjournent trop longtemps sur les terres ; passé 8 mètres et demi, la famine est certaine, car on ne peut faire les semailles dans un sol marécageux, et il y a danger de peste. Dans la haute Egypte, le fleuve étant encaissé entre des rives élevées, l'inondation est artificielle. On a calculé que l'exhaussement du sol de l'Egypte dû aux dépôts du Nil était de 0m,126 par siècle.
Ce phénomène, qui semblait jadis merveilleux et inexplicable, est fort simple et non particulier au Nil. Tous les fleuves dont les sources sont dans la zone torride ont aussi des crues régulières dues aux pluies périodiques qui tombent dans cette région. Or les montagnes au pied desquelles se sont formés les grands lacs dont le Nil ou les fleuves qui alimentent son cours supérieur sont le déversoir s'élèvent au sud du tropique du Cancer. Elles reçoivent chaque année, à l'époque de la mousson du sud-ouest, c'est-à-dire dans la saison des pluies, d'énormes masses d'eau qui gonflent les lacs, puis le Nil, et que le fleuve emporte avec le limon arraché de ses rives vers la vallée inférieure. Sans lui, l'Egypte eût été recouverte par les sables, et le désert, dant toute son aridité, se fût étendu jusqu'à la mer Rouge. Que serait-il arrivé, s'il en avait été ainsi ? Supposez un pli de terrain arrêtant le cours du Nil vers la Méditerranée et le rejetant dans la mer Rouge : l'Egypte, telle que nous la connaissons, c'est-à-dire un des foyers de la civilisation du monde et le lien de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie, était supprimée. La Grèce ne pouvait rien tirer d'elle ; Alexandre n'y venait point ; l'Afrique restait un monde à part, à jamais solitaire, et une infranchissable barrière s'élevait entre l'Europe et l'Inde, dont la vallée du Nil a été le grand chemin.

Histoire Ancienne 1880 par Victor Duruy

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