Prospérité de l'Egypte sous Amasis
Il s'occupait activement des soins du gouvernement, et on le voyait, depuis l'aurore jusqu'au milieu du jour, juger toutes les causes qui se présentaient ; mais il n'était pas ennemi des plaisirs honnêtes et d'un repos mérité. Comme quelque personnage austère lui en faisait reproche : "Ne savez-vous pas, lui répondit-il , qu'on ne bande un arc que lorsqu'on en a besoin, et qu'après qu'on s'en est servi on le détend ? Si on le tenait toujours bandé, il se romprait et ne serait bon à rien, quand il faudrait s'en servir. Ainsi de l'homme : il est nécessaire qu'il repose son esprit trop longtemps tendu aux choses sérieuses."
Amasis fut le dernier grand prince de la vieille Egypte. Sous lui, le pays fut aussi florissant qu'il l'avait jamais été. Vingt mille villes, disaient les prêtres, qui mettaient dans ce nombre les villages, les hameaux, et sans doute des maisons, couvraient les bords du Nil. Le commerce était actif, le peuple laborieux et les dieux honorés. Amasis avait ordonné que chaque année tout Egyptien déclarerait au magistrat quels étaient ses moyens d'existence. Celui qui ne pouvait prouver qu'il vivait par des moyens honnêtes était puni de mort. L'Athénien Solon emprunta cette loi à l'Egypte et la plaça dans sa continuation.
Histoire Ancienne 1880 par Victor Duruy