Héliopolis, la métropole ressuscitée

Le nom d'Héliopolis s'impose au voyageur venu en Égypte par la voie aérienne, dés son arrivée : c'est dans cette ville récemment ressuscitée qu'a été aménagé l'aéroport du Caire. Au début du siècle dernier, il n'y avait là qu'un petit village du nom de Matarièh, un sycomore dans un jardin irrigué par une sakieh et un peu plus loin un obélisque en granite rouge d'Assouan à demi enfoncé dans le sol. Selon une légende dépourvue de tout fondement, le sycomore, planté en 1672 en remplacement d'un arbre semblable mort en 1665, aurait abrité dans son ombre la Vierge Marie et l'Enfant Jésus lors de la fuite en Égypte. Quant à l'obélisque, c'est tout ce qui subsiste du temple d'Héliopolis, peut-être la plus vénérable des cités de l'Egypte pharaonique.
Héliopolis était l'une des plus vieilles cités de l'Egypte. Elle existait sans doute à l'époque prédynastique, c'est-à-dire au IVe millénaire avant notre ère. Les Égyptiens l'appelaient Ioun, la cité du pilier, ou encore Pi-Rê, le cité de Rê, le dieu-Soleil, d'où le nom grec d'Héliopolis qui en est la traduction. Les plus anciennes spéculations cosmologiques et théologiques enregistrées dans la mémoire de l'humanité sont dues aux prêtres d'Héliopolis. Au milieu du IIIe millénaire, ils ont déjà élaboré toute une doctrine solaire qui va s'imposer à l'ensemble de l'Egypte en devenant officielle avec les pharaons de la Ve dynastie, originaires d'Héliopolis. Il ne subsiste rien du temple de Rê à Héliopolis, mais nous pouvons sans doute nous faire une idée de l'aspect du temple primitif grâce aux temples solaires que les rois de la Ve dynastie font construire à l'ouest de Memphis, à Abou Gourab et Abousir.
Ce sont des grandes cours ceintes de larges murs et dominées par un court obélisque trapu érigé sur une pyramide tronquée ; obélisque et pyramide sont des symboles solaires. En avant était dressé un autel monumental sur lequel avait lieu les sacrifices au Soleil.
A Héliopolis, Atoum apparaît comme le dieu primordial qui se crée lui-même par sa propre pensée. Il crée ensuite, sur l'eau primitive Noun, une butte de terre sur laquelle il s'établit pour créer l'air, Chou, et l'humidité, Tefnout. Ces derniers engendrent alors la terre Geb et le ciel Nout. De l'union de la terre et du ciel naquirent les quatre divinités dynastiques Osiris et Isis, Seth et Nephthys.
Le prestige de cette théologie "émanationnniste" - tous les dieux, incarnations des phénomènes terrestres et cosmiques, s'engendrant par génération mais étant tous issus de la divinité créatrice Rê-Atoum - s'exerça surt toute l'Egypte, chacune des grandes cités cléricales créant sa cosmologie à l'imitation de celle d'Héliopolis.
Une nouvelle Héliopolis est née au début du XXe siècle à l'initiative de la société belge du baron Empain. Rapidement, cette cité s'est étendue vers le désert, puis elle s'est développée jusqu'aux abords du Caire dont elle est devenue une banlieu vivante et élégante avec champ de course, clubs sportifs et autres lieux de détente et de plaisir. On lui donne aussi le nom de Misr al Djadida, "le Nouveau Caire". Son extension vers le sud-est, commencée il y a environ 55 ans, sous le nom de Medinet Naar, est surtout constituée de H.L.M.