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L'émeraude du Nil
16 juin 2008

Pif-Paf - La bataille des Pyramides

Num_riser0300En l'an VII (1798), l'Egypte, vassale de la Turquie, était devenue la proie des mameluks. Le sultan de ConstantinopleConstantinopoe avait institué cette milice auprès du pacha, son représentant,  pour empêcher celui-ci de se rendre indépendant. Ses calculs s'étaient trouvés déjoués, et c'étaient les maleluks eux-mêmes qui étaient devenus les maîtres du pays.
Les mameluks, beaux esclaves de Circassie, transportés jeunes en Égypte, étaient de braves et agiles cavaliers. Ils étaient au nombre de douze mille, sous les ordres de vingt-cinq beys (généraux), dont les plus puissants étaient alors Ibrahim, homme faux, rempli d'astuce, auquel étaient échues les attributions civiles, et Mourad, chef vaillant qui dirigeait les opérations militaires.
La population d'Egypte se composait de Coptes, classe pauvre et méprisée, de Turcs, et d'Arabes qui se divisaient en trois classes : les cheiks ou nobles ; les fellahs, presque des esclaves ; et les bédouins, race errante qui parcourait le désert à dos de chameau, gardant les troupeaux, ou pillant les caravanes.
L'armée de Mourad-bey comprenait ses mameluks, les saphis, les janissaires et les fellahs. A l'approche des troupes françaises, il avait établi ses retranchements sur la rive gauche du Nil, dans la grande plaine qui conduit aux Pyramides, pendant qu'Ibrahim, plus prudent, se tenait sur la rive droite, en prévision d'une défaite, avec ses richesses et ses esclaves.
Ce fut le 3 thermidor (21 juillet), à la pointe du jour, que l'armée de Bonaparte arriva en vue du Caire et des pyramides de Giséh, dorées par les rayons du soleil levant. Les Français s'arrêtèrent, saisis d'admiration.
"Soldats, s'écria Bonaparte, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent !"
La présence des infidèles avait été vite connue au Caire. Les habitants de la ville s'entassaient déjà dans la citadelle, et au lointain, dans le vague remous humain, ils devinaient les deux armées en présence.
Dans un raffinement de méchanceté, Méhémet avait fait conduire Pif-Paf, Galurin et Sidoine sur la terrasse pour leur montrer la défaite de leurs compagnons d'armes, suprême douleur, qu'il espérait leur infliger avant la mort.
Ce petit homme aux mauvais instincts ne pardonnait pas à se prisonniers d'avoir tenté de s'enfuir.
Pif-Paf, à la nouvelle de la rencontre des deux armées, avait murmuré :
"Rira bien qui rira le dernier !"
Vers midi le canon commença à tonner.
Bonaparte avait rangé ses cinq divisions en cinq carrés, sur six rangs. Il avait placé, derrière, les grenadiers en peloton, et aux angles, l'artillerie.
Ce fut en vain qu'avec le plus brillant courage, la superbe cavalerie de Mourad s'élança sur ces lignes de fer. Les mameluks vinrent expirer sur la pointe des baïonnettes.
Le trouble ne tarda pas à se mettre dans le camp retranché. C'était la bataille perdue pour les Turcs, qui, bientôt, disparurent vers les Pyramides ou coururent au Nil.
Mourad et Ibrahim s'étaient enfuis, l'un vers la haute Egypte, l'autre vers la Syrie.
Les fuyards, éperdus, répandirent à travers la ville le bruit de la défaite, et la populace ne songea aussitôt qu'à profiter du tumulte pour mettre au pillage le palais des beys.
Au château on s'était fortement ému de la nouvelle. Méhémet eut une nouvelle crise, et voulut calmer sa fureur en faisant aussitôt massacrer Pif-Paf et ses compagnons. D'un bond, il fut sur la terrasse... ô rage ! les Français n'étaient plus là ! Les serviteurs du palais, ne voulant pas perdre une aussi belle occasion, s'étaient joints aux pillards sans s'occuper davantage des prisonniers dont ils avaient la garde.
Sidoine s'était aussitôt écrié :
"Fuyons, mes amis ! Fuyons vite !"Num_riser0301
Mais Pif-Paf avait objecté :
"Avec nos costumes, nous ne pourrons passer inaperçus. La foule nous écharpera.
Pif-Paf réfléchit quelques minutes, puis il dit :
"Suivez-moi !"
Il les entraîna rapidement vers la cour des fauves, puis en ferma soigneusement l'entrée.
"Placez-vous derrière cette cage, près de la porte par laquelle les gardiens entrent dans les cages pour les nettoyer," ordonna-t-il.
Lui, se hissa sur la cage où étaient enfermés deux magnifiques lions à la crinière noire, puis d'en haut, à l'aide d'un long crochet qui servait à panser les animaux, il put faire glisser la grille dans ses rainures.
Surpris d'abord, les deux lions n'avaient pas bougés. Mais quand ils virent la grille entre-baîllée, ils s'élancèrent hors de leur prison, en poussant un rugissement effroyable.
Pif-Paf avait rejoint ses compagnons ; il les fit vivement entrer dans la cage vide, s'y glissa lui-même avec eux, et, quand il eut soigneusement refermé la porte et replacé la grille, il s'écria en riant :
"Mes amis, voici d'excellents protecteurs, et je ne crois pas que nous soyons dérangés jusqu'à demain."Num_riser0302

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