Les esclaves et la bastonnade
Certes, en théorie, si l'on s'en rapportait aux lois écrites et aux institutions religieuses, la Justice aurait dû régner, mais, en fait, dans la pratique, le bas peuple d'Egypte était fort malheureux ; son existence, en théorie garantie par les lois, se trouvait constamment exposée aux violences des hautes classes. Il se voyait contraint à un travail sans relâche ; l'agriculture dévorait ses sueurs et sa santé ; logé dans de misérables cabanes, il y mourrait de fatigue ou de maladie sans que personne s'en préoccupât et, des admirables moissons que produisait son labeur acharné, rien ne lui appartenait. A peine lui en était-il accordé une part, toujours insuffisante à la satisfaction de ses besoins réels.
Et quel sort, plus misérable encore, que celui des esclaves ! On frappe un cheval, pour le faire travailler, sans la moindre réflexion. Cela semble si naturel. Un fouet bien lourd, bien cinglant, bien en main, le charretier brutal conçoit-il d'autre moyen, a-t-il expérimenté autre chose pour obtenir de son cheval ce qu'il attend de lui ?
Telle était la conception des rapports entre les dirigeant et... les autres dans la Société égyptienne ! Le contremaître avait une trique pour insigne et en usait à profusion. "L'Homme a un dos, dit un proverbe égyptien d'alors, et il n'obéit que lorsqu'il est frappé."
"C'est le bâton qui a construit les Pyramides, creusé les canaux, remporté les victoires des Conquérants", dit Maspero, le savant orientaliste, qui s'est penché, lui, sur les misères du peuple égyptien et nous les a minutieusement décrites, d'après les documents authentiques qu'il a traduits.
Femmes esclaves égyptiennes. L'une d'elle reçoit la bastonnade.